Le rendez-vous Auteur :
Evelyn Anthony Vingt ans après, dans un salon de milliardaires, à New York, le colonel Alfred Brunnerman, anciennement attaché à la Gestapo de Paris, retrouve Thérèse Masson. Mais il s'appelle désormais Karl Amstat, dispose d'un faux passeport et jouit d'une excellente réputation d'architecte. Thérèse n'a changé que de nom, elle est Mrs Robert Bradford, femme d'un multimillionnaire.
Mais la première rencontre entre Brunnerman et Thérèse s'était déroulée dans les locaux de la Gestapo, à Paris. Elle était prisonnière, arrêtée comme résistante. L'Allemand avait pour mission de lui arracher le nom du chef de son réseau. Thérèse a dix-huit ans, elle est jolie mais terrorisée. Brunnerman est sensible à sa jeunesse, à sa beauté, mais surtout à son courage. Il la questionne, fait usage de tous les « trucs » utilisés lors de ce genre d'interrogatoires, sans la brutaliser. Mais son chef, le trop fameux général Knochen, estime que cet interrogatoire dure trop longtemps. Il fait interroger la jeune fille par d'autres policiers, on la torture : elle refuse de parler. Brunnerman lui sauve la vie en la faisant transporter à l'hôpital. Pour cette attitude, il doit abandonner ses fonctions et on l'envoie sur le front de l'Est.
Thérèse a été transférée à Buchenwald. Le camp sera libéré en 1945 par l'armée américaine, mais la jeune Française ne se rend compte de rien, elle est toujours la proie de sa peur. Elle sera sauvée par un psychiatre, Joe Kaplan, qui lui fait oublier son cauchemar grâce à une amnésie artificielle et par l'amour de Robert Bradford qui fait d'elle sa femme et la ramène à New York.
Ni l'ancienne résistante, ni l'ancien nazi ne pourront résister à une attirance mutuelle, plus forte que la crainte de l'Allemand à l'égard des espions israéliens, plus forte aussi que l'affection profonde de Thérèse pour son mari. Au moment où la jeune femme est entraînée par les élans de son cceur, elle retrouve la mémoire et reconnaît son ancien bourreau. Mais l'amour est plus fort que tous les ressentiments et elle tient le rendez-vous qu'ils s'étaient donnés vingt ans plus tôt dans les bureaux de la Gestapo à Paris.
Sur une trame émouvante dans sa vérité, la romancière Evelyn Anthony a tissé une histoire toute de tact et de subtilité. Non, le passé ne meurt pas. Les tortures subies par les résistants, l'horreur des camps de la mort, les assassinats en masse ont laissé d'ineffaçables marques dans la conscience des victimes comme dans celle des bourreaux.
Thérèse a souffert cruellement dans son corps comme dans son cerveau. Sa personnalité perdue, l'amour seul lui permettra de la retrouver. L'ancien nazi, qui a obéi comme un automate à des ordres inhumains injustifiables est maintenant prêt à payer de sa vie, qu'il avait soigneusement protégée jusqu'alors, la sécurité de la femme aimée.
Tel est le miracle de l'amour devant lequel le psychanaliste qu'est le docteur Kaplan reste perplexe, mais qui n'en existe pas moins. Peut-être est-ce simplement ce qui sauve l'être humain de ses faiblesses, de ses défaillances, de la misère de sa condition.
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