Au temps des voiliers long-courriers Auteur :
Jean-Jacques Antier En 1840, à l'aube de la conquête des océans par les vapeurs, le grand trois-mâts long-courrier est le maître incontesté des mers, aboutissement admirable de trois millénaires de constructions navales. Filant jusqu'à dix-sept noeuds, il peut traverser l'Atlantique en seize jours. Mais au prix de quelles souffrances !
On a beaucoup écrit sur la voile, mais jamais encore, peut-être, un écrivain ne s'était penché avec autant d'objectivité, n'excluant ni la sollicitude, ni la tendresse, sur le sort des équipages long-courriers.
Voici donc un livre non conventionnel. Passant au crible les récits des grands témoins, les capitaines, mais aussi les rapports inédits des chirurgiens de la marine,
Jean-Jacques Antier redonne sa juste place à l'équipage, ce grand corps d'hommes souffrant, peinant et groumant, oublié de l'Histoire.
Il fait revivre son existence à bord des long-courriers autour du monde, ses drames, ses joies, ses espoirs. Il fait revivre aussi les grandes escales, les têtes de ligne françaises comme Le Havre, Nantes et Marseille, et encore Liverpool, Halifax, New York, Valparaiso, San Francisco.
Il montre le courage ou l'inconscience des premiers passagers, hommes et femmes résidant à l'arrière, ou bien troupeau lamentable des émigrants européens attirés par le mirage de l'or américain et australien, entassés comme des esclaves dans les entreponts puants.
Pourquoi tant de dangers courus ? Pourquoi cette folie de la vitesse qui, brutalement, s'empare des capitaines et va jusqu'à leur faire prendre tous les risques, le démâtage au Horn, le chavirement dans les Quarantièmes Rugissants, pour une cargaison de thé vert ou de rhum ?
Et, tandis que sur le pont et la dunette se joue la partie dramatique entre le vent, le bateau et l'équipage, dans le poste avant, la bordée qui n'est pas de quart tente de trouver le sommeil, craignant à tout instant d'être appelée à serrer la toile à vingt ou trente mètres au-dessus du pont, une main pour le bateau, une main pour l'homme, cassant le rêve d'escale, de filles charnues, de bordées terribles dans les flots de vin, de tafia et de nourriture fraîche.
Le marin est-il uniquement cet être frustre ? Ou autre chose, un espoir jamais exprimé d'homme libre, chérissant la mer et assoiffé d'horizons, d'espace et de soleil ?
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