Un « procès » de Moscou à Paris Auteur :
Charles Tillon Précédé de « L'interrogation » par Raymond Jean.
Charles Tillon, l'un des hommes qui, pendant plus de vingt ans, et surtout aux heures les plus périlleuses, celles de l'occupation, ont eu les plus hautes responsabilités dans le Parti communiste français, raconte ici le procès qui lui a été fait en 1952 par la direction de ce parti. Pourquoi ? Parce qu'il juge le moment venu de montrer, à la lumière du présent - la seconde « affaire Tillon », celle de l'été 1970 qui a entraîné son exclusion - comment certaines pratiques de la politique interne du Parti, monstrueuses dans leur principe, aberrantes dans leurs modalités, ruineuses dans leurs conséquences, ont été possibles.
Dans « l'Aveu », Arthur London avait essayé de dégager le sens de ses épreuves. Celles de Charles Tillon, bien qu'inscrites dans un contexte différent, en sont historiquement assez proches pour qu'un journal de l'époque ait pu parler à son propos d'« un procès de Moscou à Paris ». L'ancien chef des Francs-Tireurs et partisans contre les occupants nazis ne fut, en 1952, ni physiquement torturé, ni bien sûr exécuté - mais menacé jusque dans les siens, sommé de s'humilier, de se calomnier, conduit par ses plus vieux camarades dans un labyrinthe d'aveux simulés et de semi-vérités aliénantes, confiné dans sa mairie d'Aubervilliers, contraint à s'exiler dans un village lointain, dépouillé de sa biographie. On appréciera pour son authenticité farouche la valeur humaine autant que politique de ce témoignage passionnément lucide.
Raymond Jean, son camarade et son ami dans l'épreuve, a tenté d'en mesurer la portée. Il s'interroge, en intellectuel révolutionnaire, sur la « justice stalinienne ».
Charles Tillon - Né à Rennes, le 3 juillet 1897. Ouvrier ajusteur, il s'engage dans la marine en 1916. Initiateur de la révolte du Guiches en 1919, il fut condamné à cinq ans de travaux forcés et déporté au Maroc. Dirigeant syndicaliste, il est élu, en 1936, député communiste d'Aubervilliers (jusqu'en 1955). En avril 1939, prisonnier aux côtés des derniers républicains espagnols à Alicante, il sera l'organisateur de la lutte armée et le commandant en chef du Comité militaire national des F.T.P. jusqu'à la Libération, puis ministre de l'Air en septembre 1944, de l'Armement en 1945 et de la Reconstruction en 1947.
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