Auteur : Jean-V. Dufresne

Incluant un disque 45 tours. Face À : Son enfance. Face B : Sa jeunesse.

Le Québec se fait depuis plus de dix ans une réputation enviable sur « les planches », et nos Félix Leclerc, Claude Léveillé, Jean-Pierre Ferland, Georges Dor, Pauline Julien, Monique Leyrac, Renée Claude, Louise Forestier, Robert Charlebois, pour n'en nommer que quelques-uns, ont atteint un statut de remarquable performance dans le monde international du spectacle, de la chanson.

Il n'y a pourtant pas que la chanson, sur la scène de music-hall, et Yvon Deschamps le prouve abondamment, tragiquement, magnifiquement, par les saisissants tableaux qu'il dessine devant nous, dans le théâtre absolu de sa tête et de ses deux mains prises au piège du réflecteur. Pendant deux heures, on rit, on éclate, on se détend, on se retend. Puis on y pense pendant deux jours. Pendant deux mois. Les monologues de Deschamps mettent bien des choses en cause. Les avatars de la langue ou de la politique. les anecdotes de nos quartiers défavorisés, la misère qui hante le coeur de l'homme depuis des millénaires.

Au fond, Yvon Deschamps reprend la tradition de nos grands conteurs du coin du feu, capables de meubler les hivers calfeutrés de nos ancêtres de la magie de leurs seules paroles. Et Deschamps redonne à la parole une telle éloquence, une telle persuasion, une telle prise sur nous qu'elle peut se permettre d'employer le joual avec une élégance et un raffinement d'invention verbale et de nuance affective qui ne se laissent dépasser que par la charge critique qu'elle charroie.

Jean-V. Dufresne, journaliste rompu à l'observation méticuleuse des faits sociaux et politiques au Québec, et l'implacable photographe Ronald Labelle nous livrent ensemble une étude qui met à jour plusieurs des multiples qualités du personnage Yvon Deschamps et de son oeuvre, d'une haute signification.