Auteur : Gustave Kobbé

On dit simplement : le Kobbé. Dans tous les pays anglo-saxons, et depuis soixante ans, le Kobbé, c'est un peu le Larousse de l'opéra. Une sorte de bible, souvent imitée, ici ou là, jamais égalée.

Il existe d'autres dictionnaires de l'opéra, il y a des encyclopédies qui se veulent beaucoup plus ambitieuses, qui veulent tout embrasser, tout dire, tout décrire. Mais aucun ouvrage n'a réalisé à ce point un propos pourtant bien simple. Le Kobbé raconte le livret et analyse la musique de quelque 320 opéras en une langue directe, accessible à tous et cependant illustrée d'assez d'exemples musicaux pour que les spécialistes puissent eux aussi y trouver leur compte.

Pas de classements faussement chronologiques déroutants, dans le Kobbé. Pas d'illustrations, ni de clinquant ou de tape à l'oeil, mais simplement un solide appareil de références : la création, les principales reprises, les grands interprètes, la place de chaque oeuvre dans la vie du compositeur. Et cela suffit. La seule articulation des scènes, la mise en évidence des principaux airs fait le reste : chaque fois, on va droit à l'essentiel et, en deux ou six pages, on en sait assez de chaque oeuvre pour n'avoir plus qu'à fermer le Kobbé et aller à l'opéra ou retourner le disque. L'extraordinaire succès du livre à travers le monde ne s'explique pas autrement. Gustave Kobbé d'abord (il mourut en 1918 juste après avoir achevé son livre), Lord Harewood (le cousin de la Reine d'Angleterre, mais surtout l'artisan du Festival d'Edimbourg et le Directeur de l'English National Opera) pour la réédition refondue de 1976, Martine Kahane, enfin pour l'édition française, ont tour à tour mis au point ce qui devient d'un seul coup et avec une aveuglante évidence, le principal instrument de travail, le livre de chevet de tout amateur d'opéra d'aujourd'hui. Pierre-Jean rémy