Auteur : Marcel Myre

Sa mort tragique vaut la peine d'être racontée…

Le décès de mon grand-oncle, Théodore Myre, aura été d'abord un meurtre puis, une tragédie, ensuite un mystère et finalement un fait divers. C'est ainsi qu'en l'espace de quelques semaines, on a publiquement estompé sa fin tragique. Durant les années qui suivent, ses proches et les citoyens de la région continueront pour un temps à épiloguer sur la cause réelle de son décès.

Théodore Myre était un honorable citoyen qui, en plus, était fier de son épouse et de ses enfants. Il a commis l'erreur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. Quant à Joséphine Moniqué, son épouse, malgré tant d'épreuves, elle est demeurée digne et fut une mère qui mérite l'admiration. Une vie vaut la peine d'être vécue surtout si l'intensité et la fréquence des joies sont plus grandes que celles des malheurs. Malgré les apparences, ce fut peut-être le cas de Joséphine. Il est regrettable que ce manuscrit ne puisse pas présenter ses instants de bonheur.

La mémoire collective a ses limites. À part quelques rares exceptions, le temps aura presque effacé le destin tragique du forgeron Myre et de Joséphine Moniqué. La gravité de l'incident s'est éclipsée graduellement. Certains diront même que Théodore Myre a trouvé lui-même son destin. Cependant, les Myre d'aujourd'hui sont encore des gens fiers. Ils doivent savoir qu'à la fin du 19e siècle, leur nom a tristement fait les manchettes des journaux du Québec, mais, il leur sera toujours permis d'affirmer que pour un des leurs, « La mort de Myre ne sera pas vengée ».