Auteur : Jean-Pierre April

Avec une condescendance amusée, ils voulaient me mettre au courant de certains trucs, efficaces, pour naviguer en toute impunité en marge des curés. Et je rétorquais, aussi menaçant qu'un personnage de vaudeville, qu'un jour j'écrirais un roman sur le collège, et qu'ils feraient mieux de prendre garde à leurs faits et gestes, parce qu'ils allaient se retrouver dedans.

[…] et ils souriaient en buvant, plutôt la bière que mes folles paroles.

En 1966, à seize ans, Ti-Jean April entre au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Il le fait à reculons, peu porté qu'il est sur la discipline. On essaiera bien de le mettre au pas, mais Ti-Jean n'a rien du soldat. Il marche à son rythme, donc à contre-pied.

En fait, Ti-Jean oscille plutôt entre le latin, les romans, la bière, le jazz et les slows cochons ! Alors qu'il est empêtré dans une histoire d'amour inavouable, il se fera mettre à la porte du collège.

La danse de la fille sans jambes, c'est le portrait d'une époque, celle du collège, bien sûr, mais aussi celle des rêves amoureux qui relèvent effectivement plus de l'imaginaire que de la vérité. À cette particularité près que la fille sans jambes existe bel et bien et qu'elle accomplira son tour de piste en temps et lieu…

J. P. April, natif de Rivière-du-Loup, a étudié quelques mois au collège classique de La Pocatière, au centre de ce roman. Nous sommes ici en 1966, la Révolution tranquille se répand, les cégeps et Expo 67 vont bientôt propulser le Québec vers l'avenir… Sur cette lancée, April a d'abord écrit sept oeuvres d'anticipation sociale. Il a enseigné la littérature et animé des ateliers d'écriture au cégep de Victoriaville. Aujourd'hui, le romancier porte sur son passé un regard à la fois amusé, sensible et distancié.