Auteur : Alice Hoffman

Une petite ville américaine près de Boston, entourée de bois et de marais. Une famille américaine, les Farrell. Elle, Polly, est photographe. Lui, Ivan, scientifique. Et puis les enfants : Charlie et Amanda. Charlie, avec son copain Séverin, ne pense que tritons et tortues préhistoriques; une nuit, il rêve qu'il est un tyrannosaure. Amanda, l'aînée, a onze ans. C'est la meilleure gymnaste de son école, une vraie championne. Le bonheur américain, la vie.

Et puis, un jour du mois d'août, Amanda est prise de vertiges, de nausées, et tout bascule. Et, quelques jours plus tard, le verdict tombe : sida. Amanda avait été opérée de l'appendicite; il avait fallu procéder à une transfusion sanguine. Le virus était dans le sang du donneur. C'est comme ça.

C'est comme ça, l'enfer. Ça ne prévient pas quand ça ouvre ses portes. Polly et Ivan s'y enfoncent les yeux ouverts, pour Charlie le monde se décolore peu à peu. Amanda voudrait seulement qu'on lui enlève son appareil dentaire. Elle voudrait savoir si elle aurait pu être belle.

Mais l'enfer, c'est aussi le monde qui les entoure : l'enfer social. Celui de la bêtise et de la lâcheté, celui que gouverne la peur. Autour des Farrell, le vide se fait. Nouveaux pestiférés, ils ne savent même plus contre quoi lutter. Et c'est autour des enfants que le vide se creuse le plus profondément. D'Amanda, bien sûr, mais aussi de Charlie. La ville se mobilise non contre la maladie mais contre l'enfant malade. Il y a de vrais médecins; il y a aussi des praticiens qui refusent de toucher une petite fille atteinte du sida. Le sida se porte comme une étoile jaune.

Il y a encore quelques asters pourpres le long de la clôture du jardin quand Amanda s'en va où vont les enfants morts.