Auteur : Anita Pereire

Constance n'est pas une femme comme on s'efforce de nous la présenter et de nous la faire accepter aujourd'ui. Elle ne rêve ni d'émancipation ni des droits de la femme. Elle ne milite dans aucun organisme avec la volonté violemment affirmée de faire tout sauter, famille et foyer, et le plus tôt possible.

Non, les espoirs de Constance sont d'un autre ordre. Elle ne rêve qu'au bonheur conjugal et quand son mari lui brise ce rêve, c'est la chute et la désintégration. Sans pudeur, sans fausse honte, Constance « gratte sa plaie ». La jalousie transforme l'amour qu'elle a pour son mari en un sentiment à égale distance de la haine et du dégoût.

Qui est Constance ? Une femme de la grande bourgeoisie qui vit apparemment heureuse aux côtés d'un mari qui lui assure, ainsi qu'à ses trois enfants, une existence douillette, sans problème financier. Mais le démon de midi n'est pas une légende et Henri, le mari, y succombera.

L'évolution des sentiments de chacun des membres de ce couple l'un pour l'autre sera lente mais la marche vers l'anéantissement n'en est pas moins inexorable. Aucun appui solide n'est offert à Constance, ni chez elle ni à l'extérieur. Les portraits que dessine Anita Pereire de l'entourage de son héroïne qui s'enlise dans son chagrin sont d'une acuité singulièrement cruelle et Constance ne trouve aucun réconfort ni auprès de sa mère, ni auprès de « l'amie de toujours ». Et Henri s'éloigne, sans jamais rompre définitivement. Que fera « la femme en miettes » ? Elle pardonne, elle est toute prête à reprendre espoir quand elle découvre enfin l'hypocrisie, les mensonges et la fourberie que Henri, le mari « qui en a plein le dos », a tissés autour d'elle.

Anita Pereire, sans emphase, a écrit un roman poignant et sensible où tout est dit avec simplicité et où nous suivons, avec la gorge un peu serrée, cette femme trompée et meurtrie sur le dur chemin de son malheur.