Auteur : Basile Tesselin

Dans un pays où le mâle, le « macho », a toujours été roi, ce sont deux femmes qui, pendant un quart de siècle, ont fait la pluie et le beau temps. Evita, Isabelita ! Toutes deux d'origine très modeste, toutes deux à peu près sans éducation, toutes deux marquées par des débuts difficiles, la première comme actrice sans talent, la seconde comme petite danseuse, toutes les deux ont été atteintes par la frénésie d'arriver. Toutes les deux ont mis la main sur Juan Peron, mari ambitieux mais pusillanime. Toutes les deux ont forcé sa volonté pour parvenir au pouvoir suprême et dominer un peuple de vingt millions d'âmes.

L'une fut « chef spirituel de la nation », l'autre présidente. C'est un fait unique dans l'histoire de l'humanité, que les ascensions successives de ces deux épouses argentines, comme si elles avaient été projetées du fond d'une antiquité biblique dans l'époque moderne.

Basile Tesselin a été le témoin de la montée fulgurante d'Evita et de Juan Domingo Peron. Très vite après la création de l'Agence France-Presse, dont il fut l'un des fondateurs, il fut chargé de sa première mission : faire connaitre en Amérique du Sud l'information française. Il ouvrit tour à tour le bureau de Buenos-Aires, qui devint le centre et la plaque tournante de l'activité de l'Agence France-Presse en Amérique latine, puis ceux de Lima, de Bogota et de La Paz.

Il assista, en tant que journaliste, à l'extraordinaire flambée du péronisme, se trouva Plaza de Mayo ce fameux 17 octobre, où le magnétisme d'Evita avait poussé deux cent cinquante mille « descamisados » fanatisés à exiger la libération de Peron.

Par deux fois, il interviewa celui-ci et eut un long entretien avec Evita, qui avait obtenu d'être invitée pour une visite officielle en France. Il en garda une impression inoubliable, qui se reflète tout au long de son livre.

Plus tard, il se rendit à Madrid, où Peron en exil et sa seconde égerie, la jolie Isabelita, vécurent pendant quatorze ans. Il put pénétrer dans la célèbre « Quinta » et voir de ses propres yeux l'endroit où, pendant près de deux ans, les deux époux avaient gardé le cadavre embaumé d'Evita. Pour mieux être pénétrés par l'esprit de la défunte, ils faisaient l'amour dans la chambre du dessus, comme le leur avait conseillé l'extravagant Lopez Rega, le mage, le sorcier… Et c'est en triomphateurs qu'ils revinrent en Argentine !