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La première édition de la Cuisine raisonnée remonte à 1919. Elle semble avoir été offerte au public pour répondre au désir des anciennes élèves de Saint-Pascal qui voulaient, non un recueil de recettes, mais un traité pratique qui leur permettrait de faire partager à leur famille et à leurs amis les « secrets de l'art culinaire ».

Les femmes du Québec ont apprécié ce geste des pionnières de l'Institution Chanoine-Beaudet. Leur accueil enthousiaste et leur propagande spontanée ont réussi à faire pénétrer le volume dans presque tous les foyers et les lettres continuent de nous arriver nombreuses, réclamant la réimpression de la Cuisine raisonnée.

Voici donc une dixième édition entièrement revue et corrigée. Les recettes ont été soumises à de nouveaux tests et sont présentées sous une forme nouvelle : ingrédients et mode de préparation sont mis en deux colonnes parallèles. Nous croyons que la compréhension du texte en sera facilitée. Les quantités ont été coupées presque de moitié. Les portions sont calculées pour 4 ou 6 personnes.

Cuisine raisonnée ne se présente pas comme une encyclopédie. Nous avons voulu que l'édition reste modeste, donc accessible à tous les budgets. Il nous a fallu pour cela supprimer plusieurs recettes qui risquaient de faire double emploi et nous limiter dans la quantité de photographies intercalées dans le texte.

Chaque fois que nous l'avons pu, nous avons rajeuni ou standardisé la présentation des mets traditionnels en y insérant les données propres à favoriser l'utilisation des appareils modernes. Il reste cependant des vestiges de la cuisine ancestrale car nous avons groupé en un chapitre les quelques recettes typiquement canadiennes qui se trouvaient en appendice dans l'édition de 1949.

Les premiers chapitres qui traitent de l'alimentation peuvent paraître arides et superflus, mais celles qui veulent réellement s'occuper de la santé des personnes dont elles ont la charge y trouveront un résumé des notions courantes sur la nutrition. Parce qu'elle est « raisonnée », la Cuisine raisonnée donnera peut-être à certaines femmes qui ont des loisirs le goût de retourner à l'Université pour approfondir leurs connaissances en Hygiène alimentaire, en Économique, en Sociologie familiale, etc.

Le présent ouvrage veut surtout aider les débutantes, mais nous savons que plusieurs petits conseils s'avéreront utiles pour les autres qui ont eu le temps d'oublier ou qui sont encore prises de panique quand il s'agit de recevoir à dîner des parents ou des amis.

« Les choses ont le goût de ce qu'elles sont. » Cette description, toute simple pourtant, correspond à l'art gastronomique français. Ne faudrait-il pas faire prévaloir notre héritage français en ce domaine ? La cuisine canadienne deviendrait un art culinaire qui réalise la perfection simple, qui ne vise pas à l'effet, mais qui reste essentiellement sincère et raisonnable.

Montréal, 21 novembre 1966.