Auteur : Evguénia S. Guinzbourg

Le Vertige c'est ce qu'a éprouvé l'auteur quand elle fut happée par l'absurde machine des purges staliniennes. Professeur à l'université de Kazan, militante communiste qui n'avait jamais douté de la justesse de la « ligne générale », la voici arrêtée, séparée des siens, humiliée, privée de sommeil et condamnée à dix ans de réclusion pour le crime imaginaire de « terrorisme trotskyste ». D'abord enterrée vive dans une cellule d'isolement à Iaroslav, elle est envoyée dans les camps de la Kolyma, au fin fond de la Sibérie où il lui faudra scier des arbres par quarante-neuf degrés au-dessous de zéro.

Son expérience des prisons et des camps a fait voler en éclats ses convictions. Elle éprouve une honte sourde devant tant d'innocents persécutés. Elle trouve à toutes choses une autre mesure. D'où l'absence de haine, la sérénité et l'humour tendre qui colorent ce récit.

Evguénia Guinzbourg, réhabilitée en 1955, n'est toujours pas publiée en URSS.

Evguénia Guinzbourg est née en 1906 à Moscou. Professeur à l'université de Kazan et mère de deux enfants, elle est arrêtée en février 1937 et condamnée en août de la même année à dix ans de réclusion en cellule d'isolement. En 1939, sa peine est commuée en dix ans de travaux forcés et elle est envoyée dans les terribles camps de la Kolyma, au nord-est de la Sibérie. Libérée en 1947, elle est frappée en 1949 de relégation à perpétuité. Mais après la mort de Staline, elle obtient sa réhabilitation et revient bientôt en Russie d'Europe avec son second mari, un médecin rencontré à la Kolyma. À partir de 1959, elle commence à rédiger ses mémoires. C'est par la voie clandestine du samizdat qu'ils vont se répandre dans le pays. Un premier volume sera publié en russe par l'éditeur italien Mondadori et traduit dans de nombreuses langues : c'est le Vertige. Evguénia Guinzbourg meurt en mai 1977.