Auteur : Marguerite Duras

Née en 1914 en Cochinchine, où ses parents sont professeurs, Marguerite Duras passe presque toute sa jeunesse en Indochine. À dix-huit ans, elle se fixe à Paris et fait une licence de droit. Après des débuts qui l'apparentent aux écrivains réalistes américains dont son troisième roman « Un barrage contre le Pacifique » (1950) est le plus brillant exemple, elle change d'optique et cesse de s'intéresser à l'intrigue pour sonder surtout la substance psychologique de ses personnages.

L'évolution commencée avec « Les Petits chevaux de Tarquinia » (1953) se précise dans « Le Square » (1955). « Moderato Cantabile » (1958), « L'Après-midi de M. Andesmas » (1962), « Le Ravissement de Lol. V. Stein » (1965), « Le Vice-consul » (1966), ou « L'Amante anglaise » (1967). Elle s'est également essayée au théâtre avec, entre autres, « Les eaux et forêts », « Des journées entières dans les arbres » et a écrit de nombreux scénarios de film (« Hiroshima mon amour », « La Musica », etc.).

Quand cela a-t-il commencé ? Peut-être bien au temps où, jeune institutrice, la mère rêvait devant une affiche qui engageait les gens à aller faire fortune aux colonies. À l'en croire, pourtant, les débuts avaient été heureux. Puis le père meurt et elle joue du piano dans un cinéma pour élever ses enfants, joseph et Suzanne. Au bout de dix ans, elle réunit ses économies pour acheter une concession au gouvernement. Défricher, semer du riz, devenir riche le programme semble simple.

Mais, voici qu'avec les grandes marées, le Pacifique envahit les terres concédées : la mère ignorait qu'il fallait gratifier en sous-main main les fonctionnaires responsables pour obtenir des terres cultivables. Elle refuse l'injustice, lutte, construit des barrages. Inutile, c'est la ruine, la misère.

Joseph a vingt ans et Suzanne dix-sept. Ils regardent avec irritation la mère se battre contre la puissance colonialiste. Eux n'ont qu'un désir, s'en aller, sortir de là. Là : l'Indochine française de 1930. C'est alors qu'entre en scène le riche Monsieur Jo, produit achevé et putride de l'ordre colonialiste et que la situation prend une tournure inattendue.